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Le 7 novembre 1979, “Radio CGT 76" commence à émettre. L'émetteur avait été discrètement installé dans l'appartement de Georges JONQUAIS, militant de la CGT, ancien résistant et militant communiste, dans la tour HLM n°4 de Saint-Etienne-du-Rouvray. Toujours aussi discrètement des militants CGT avaient installé l'antenne émettrice sur le toit de la tour.
La radio émet en continu de la musique, mais aussi des débats et des informations se succèdent. Les travailleurs téléphonent et débattent en direct avec les dirigeants de l'UD, transformés en animateurs de radio, avec l’aide de vrais journalistes. On écoute la radio de très loin. Dès la première émission, popularisée par tract, l'UD-CGT appelle les travailleurs à assurer la protection de l’émetteur.
Radio CGT 76 émet sur 89 MHz sur une cinquantaine de km autour de Rouen avec un émetteur de 600 w de puissance.
Le 12 novembre à 20 h, “Radio CGT 76” cesse temporairement ses émissions, alors que la foule entoure l’immeuble pour protéger l’évacuation du matériel; Bernard lsaac déclare au nom du bureau de la l'UD-CGT :
“Vous qui écoutez "Radio-CGT-76", votre radio, avec une attention soutenue depuis mercredi dernier, c'est-à-dire depuis 6 jours, je suis mandaté par la direction de l'UD-CGT de Seine-Maritime, en accord avec le Bureau confédéral de la CGT pour vous informer que nous avons décidé d'arrêter temporairement nos émissions ce soir, lundi 12 novembre à 20 h00.
Notre décision n'est pas motivée, vous vous en doutez, par le jugement de classe qui a été rendu contre nous. Notre décision est motivée par le fait que la CGT est déterminée à poursuivre son combat pour : le droit à l'information à la radio, à la télévision et dans la grande presse, pour briser le boycott orchestré contre elle.
Elle a décidé d'organiser de telles expériences dans de nombreux autres départements, et comme dans l'état actuel des choses, nous n'avons pas les moyens suffisants pour que chaque département se dote d'un tel matériel moderne d'information comme celui qui a servi à réaliser "Radio CGT 76", ce matériel va servir à d'autres départements. (...)
En effet, "Radio CGT 76” a atteint son but. Elle a prouvé que les travailleuses et les travailleurs actifs, retraités ou sans emploi, du manœuvre au chercheur ont soif, ont besoin d'une véritable information, d'une radio de qualité. Même si la nôtre a eu quelques lacunes techniques, l'ampleur du soutien qu'elle a recueilli de toute part, y compris de la part d'agents de la force publique qui nous ont fait connaître leur soutien et leur approbation. Les nombreux coups de téléphone que nous avons reçus à l'Union Départementale CGT et à cette radio, l'ampleur du soutien financier que nous avons recueilli en attestent.
Pour vous toutes et vous tous qui avez écouté et soutenu, "Radio CGT 76" a apporté un souffle de vérité, de liberté et de démocratie.
Elle a permis de mieux connaître la CGT nationalement, et en Seine-Maritime tout particulièrement. Elle vous a permis de mieux connaître l'ampleur des domaines dans lesquels la CGT intervient (...).
Les émissions de "Radio CGT 76" cessent temporairement. Nous devons passer le relais à une autre région, Mais il est bien évident Que la CGT est déterminée à tout mettre en œuvre avec vous pour gagner le droit à l'information sur les grands moyens d'information que sont la radio la télévision, la grande presse. Si nécessaire, elle est décidée, en plus de la diffusion des journaux ,. la Vie Ouvrière, Antoinette, et Options, à se doter définitivement d'instruments modernes, comme ceux que nous avons utilisés pour "Radio CGT 76" afin de faire entendre sa voix et la vôtre "
En Seine-Maritime, les dirigeants de l'UD étaient convoqués par la police le 21 novembre 1979 pour être entendus pour :
· Avoir mis en cause le monopole de diffusion radiophonique,
· Installation illégale d'émetteur
· Utilisation d'une tour HLM sans autorisation du propriétaire,
· Diffusion de musique sans autorisation de la Sacem,
Par la suite, ils seront convoqués par un juge d'instruction de Caen, sans doute pour échapper à la pression des travailleurs. C'était sous-estimer la combativité des militants de la CGT. Plus de 200 d’entre eux accompagnèrent les responsables de l’Union Départementale au Palais de Justice de Caen.
Mais là, les forces de police chargent les manifestants, ce qui amène les responsables syndicaux à refuser de rencontrer le juge d'instruction. Le procès n'aura jamais lieu.
Source: Institut CGT d'histoire sociale de Seine Maritime
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